« En quête d’indices », le nouveau dispositif d’appels à témoins dans les affaires non élucidées

Ces courtes capsules vidéo destinées à être largement diffusées, notamment sur les réseaux sociaux, ont pour objectif de susciter le recueil de nouveaux témoignages dans certaines affaires traitées par le Pôle national des crimes sériels et non élucidés de Nanterre. La première vidéo mise en ligne concerne « Le violeur au couteau ».

Il ne s’agit pas du nom d’une nouvelle série policière, mais bien d’un nouvel outil à disposition des enquêteurs. Le projet « En quête d’indices », dévoilé le 2 avril lors d’une conférence de presse par le procureur de la République de Nanterre Pascal Prache, est un dispositif d’appel à témoins modernisé, destiné à être relayé sur les réseaux sociaux.

Comme l’a expliqué la lieutenante-colonelle Marie-Laure Brunel Dupin, cheffe de la DIANE, la division des affaires non élucidées du Service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale (SCRCGN) : « Parfois, les gens se disent que ça ne sert à rien d’appeler, que ça ne permettra pas d’identifier la personne, mais toutes les informations sont importantes. Ces affaires donnent lieu à des enquêtes extrêmement travaillées, qui permettent de recontextualiser les éléments apportés par les témoins, même en cas d’incertitude sur la date, sur la façon dont cela s’est passé exactement ».

Les vidéos sont conçues dans un format court, à partir de faits communiquables au public, évalués par les services d’enquête, et comprennent des éléments destinés à stimuler la mémoire, comme des photographies des lieux ou des armes du crime. Elles sont diffusées dans un espace digital dédié du ministère de l’Intérieur et partagées sur les réseaux sociaux des ministères de l’Intérieur et de la Justice.

De véritables actes d’enquête 

La première capsule est relative à une affaire baptisée « le violeur au couteau », qui présente la particularité de concerner, du moins pour ce que l’on sait actuellement, trois viols commis avec un écart de temps important. Le premier crime a, en effet, eu lieu en 2002 à Melun, tandis que les deux autres faits connus se sont produits en décembre 2011, respectivement en Gironde et dans les Landes. Ils ont été corrélés à l’affaire Seine-et-marnaise grâce à un rapprochement ADN. Les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) chargés de l’enquête sont conscients du nombre de signalements que la diffusion de la vidéo est susceptible de générer. Un groupe d’enquête est donc spécialement affecté au traitement des informations reçues – mais à moyens constants. En plus des témoignages reçus par mail, les communicants du ministère de l’Intérieur, déjà chargés de la modération, transmettront aux enquêteurs les commentaires postés sur les réseaux sociaux susceptibles de contenir des informations utiles.

Le procureur de la République ainsi que le porte-parole du ministère de la Justice Cédric Logelin ont beaucoup insisté sur la nature d’acte d’enquête de la diffusion de ces vidéos. Le projet, travaillé depuis un an conjointement entre le ministère de l’Intérieur, celui de la Justice et le Tribunal de Nanterre, fait l’objet d’une convention et le recours au dispositif sera consigné en procédure.

Une prochaine vidéo devrait être mise en ligne dans quelques semaines.

 

© Lefebvre Dalloz