Futurs Energétiques 2050 : RTE actualise ses scénarios avec le bilan prévisionnel 2023-2035

À mi-parcours, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité réétudie, dans un contexte en forte évolution, les possibles trajectoires françaises pour la décarbonation du pays. Quatre leviers d'action ont été identifiés : efficacité énergétique, sobriété, énergies renouvelables et nucléaire.

En novembre 2021, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, RTE, publiait son rapport « Futurs Énergétiques 2050 ». Ce document analysait plusieurs options d'évolution du système électrique français afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

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À la suite d'importantes évolutions dans le contexte géopolitique mondial, notamment la crise énergétique, conséquence de la guerre Russe en Ukraine, cette étude nécessitait une mise à jour. 

Ainsi, RTE a publié son bilan prévisionnel 2025-2035, détaillant les perspectives d'évolution du système électrique en France pour cette période. Ce rapport, s'inscrit dans le contexte de préparation, par le Sénat, de la Stratégie française pour l'énergie et le climat. 

Le pétrole et le gaz représentent encore 60 % de la consommation énergétique en France. L'abandon de ces énergies fossiles s'avère indispensable non seulement d'un point de vue de la préservation du climat, mais également afin d'assurer l'objectif français de souveraineté énergétique. Les énergies fossiles constituent le premier poste du déficit commercial de la France, avec une facture de 100 milliards d'euros en 2022. 

RTE identifie quatre leviers

Le bilan s'appuie sur l'étude de trois scénarios, chacun avec des différents rythmes de déploiement de l'électrification du mix énergétique, du développement des énergies bas-carbone, ou de la consommation énergétique :

  • le premier des scénarios permet d'atteindre les objectifs de décarbonation accélérée et de réindustrialisation, grâce à une forte augmentation de l'électricité consommée ;
  • le deuxième permet d'atteindre les objectifs avec un retard de trois à cinq ans ; 
  • le dernier se base sur un environnement de « mondialisation contrariée », où les tensions macroéconomiques et géopolitiques se prolongent et empêchent d'atteindre les objectifs. 

Empruntant les données de ces différents scénarios, quatre leviers, dont la mobilisation est indispensable pour atteindre les objectifs de décarbonation, ont été identifiés :  

  • l'efficacité énergétique : l'amélioration de la performance énergétique des équipements et des bâtiments sont indispensables, afin de réaliser des économies d'entre 75 et 100 TWh par an ; 
  • la sobriété, en se fondant sur les leçons tirées de l'hiver 2022-2023, jusqu'à 25 TWh pourraient être économisés en 2035 ; 
  • une accélération du déploiement des énergies renouvelables, afin d'atteindre une production d'entre 270 TWh et 320 TWh en 2035 ; 
  • et une meilleure disponibilité du nucléaire existant, afin d'atteindre des niveaux de production et de disponibilité supérieurs à ceux des dernières années, visant une production moyenne de 360 TWh à l'horizon 2030/2035. 

► L'électrification du mix énergétique pour remplacer les énergies fossiles

Le déploiement des énergies renouvelables et une meilleure productivité du parc nucléaire déjà existant permettront l'électrification du mix énergétique. À court et à moyen terme, le développement de ces deux énergies est indispensable non seulement pour atteindre les objectifs à l’échéance de 2050, mais aussi pour garantir la souveraineté énergétique française.   

Les pouvoirs publics ont une certaine marge de manœuvre concernant la part de chacune de ces énergies, mais la part de la consommation d’électricité doit atteindre entre 580 et 640 TWh/an en 2035, contre les 460 TWh actuels. Cela implique un renversement de la tendance actuelle, où la norme était une décroissance de la consommation d'électricité.

À long terme, le déploiement de l'hydrogène et la réindustrialisation française sont des actions à privilégier pour assurer la décarbonation et souveraineté énergétique française.

Une meilleure maîtrise de la production et de la consommation

Le développement de la flexibilité du système électrique est nécessaire, faisant correspondre au mieux la consommation et la production d'électricité décarbonée.

Ainsi, les actions de sobriété et d'efficacité permettront une modulation de la demande, et le développement des batteries afin de maximaliser l'efficacité de la production d'électricité bas-carbone, permettront un gain de marge d'environ 5 GW. 

L'accomplissement de ces actions nécessite d'un grand nombre d'investissements, entre 25 et 35 milliards d'euros par an, pour atteindre les niveaux de production et de flexibilité nécessaires. Néanmoins, la stratégie française garde une grande compétitivité par  rapport aux autres pays européens. 

Les transformations des différents secteurs ont également été étudiées :  

  • dans l'industrie, la principale action qui doit être réalisée est la relocalisation en France de la chaîne de valeur, afin d'accomplir un double objectif : réindustrialisation et décarbonation. L'accès assuré à une électricité décarbonée compétitive, et aux infrastructures nécessaires dans les zones d'implantation est indispensable pour accomplir ces objectifs ; 
  • dans le secteur du chauffage, les chaudières à fioul et au gaz fossile doivent être remplacées par des pompes à chaleur, ce qui permet une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre ; 
  • l'industrie de production d'hydrogène décarbonée doit s'accroître, cela ne sera possible que si des quantités importantes d'électricité bas-carbone compétitive sont disponibles ; 
  • et dans le secteur du transport, le développement massif des véhicules électriques légers et lourds est indispensable, et doit être accompagné des infrastructures de recharge complémentaires.  

 

© Lefebvre Dalloz