Les services parentalité en entreprise restent insuffisants et souvent inadaptés

Parce que l'équilibre vie professionnelle/vie familiale est crucial pour les parents actifs, 82 % d'entre eux seraient prêts à changer d'employeur si on leur proposait davantage de soutien à la parentalité. Pourtant, des services en ce sens existent dans la majorité des structures, signe qu’ils demeurent assez loin des attentes des salariés.

C’est un fait, l’arrivée d’un enfant bouleverse le quotidien des parents, y compris dans la sphère professionnelle. Ce ne sont en effet pas moins de 98 % d’entre eux qui se disent impactés dans leur vie professionnelle par leur vie familiale. Estiment-ils pour autant que l’employeur a un rôle à jouer pour les aider à trouver un meilleur équilibre vie pro/vie perso ? Oui pour plus de la moitié des répondants à un baromètre "Les Parents Zens", une société de services, publié la semaine dernière. Se pose alors la question des services parentalité mis en place dans les entreprises. Si ceux-ci semblent faciliter le bien-être des parents dans la mesure où 71 % de ceux qui trouvent que leur équilibre vie pro/vie perso se fait sans effort sont dans des entreprises qui disposent de tels services, une inadéquation entre l’offre et la demande d’accompagnement persiste. Et, puisque 89 % des salariés français sont parents et qu’ils se renseignent de plus en plus sur les politiques de parentalité pour choisir leur employeur, Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens, appelle à ce que tous s’emparent du sujet.

Les services parentalité sont bénéfiques à la fois pour les salariés et l’entreprise

Comme le dit Marine Desandre, les services parentalité "ne sont pas seulement bénéfiques pour les parents, ils sont essentiels pour un cadre de travail optimal" et ont aussi des retombées positives sur les entreprises. Du côté des parents, près de 81 % trouvent que de tels services réduisent leur stress et leur charge mentale, et qu’ils contribuent non seulement à leur bien-être, mais également à l'amélioration de leur qualité de vie au travail (76 %).

Mais ils déclarent également que ces services les fidélisent à leur entreprise (56,2 %), leur donnent une meilleure image de celle-ci (41,1%), et les rendent plus productifs (55,8 %). Ces ressentis bénéfiques sont d’ailleurs confirmés par les RH : pour eux, l’accompagnement à la parentalité permet effectivement de fidéliser (76 %), mais surtout de travailler la marque employeur et de faciliter les recrutements (38 %). Un lever essentiel à l’heure où les difficultés de recrutement demeurent très présentes.

RH/salariés : une perception différente de l’existence de services parentalité

Cependant, salariés et entreprises ne semblent pas avoir la même vision des services parentalité. Pour preuve, les avis divergent quant à leur existence même. Là où 52,5 % des sondés disent travailler au sein d’entreprises proposant des solutions spécifiques pour soutenir les parents, ce sont de leur côté 80 % des responsables RH qui indiquent mettre en place de telles actions. Le baromètre montre donc que "les services mis en place ne sont pas perçus comme tels par les parents". Cela soulève alors des questions quant à leur adéquation avec les attentes des parents en matière d’accompagnement.

Les solutions de garde sont de loin la première nécessité des parents…

En tête de liste, les parents expriment avant tout leur besoin de places en crèche (58,3 %), suivi de près par la demande de solutions de garde complémentaires comme le baby-sitting et la garde d'urgence (54,2 %), et enfin celle de flexibilité des horaires de travail (53,1 %). Le télétravail n’arrive lui qu’en septième position, ne suscitant l’intérêt que de 29,1 % des parents. "Cette réflexion invite à considérer si le télétravail est perçu comme une mesure en faveur de la parentalité ou plutôt comme une amélioration de la qualité de vie au travail".

Le baromètre note toutefois des attentes variées selon le profil des parents (âge, statut marital, etc.), qui peuvent s’expliquer notamment par des besoins qui varient selon l’âge de leurs enfants. Par exemple, les places en crèche sont plébiscitées par 70 % des parents de moins de 25 ans, contre 27 % des plus de 45 ans, qui demandent eux prioritairement une flexibilité des horaires de travail (67 %).

… alors que les entreprises axent leur accompagnement sur le télétravail et la flexibilité

De l’autre côté, parmi les services les plus fréquemment proposés par les entreprises on retrouve en premier lieu le télétravail, dont bénéficient 71,2 % des parents ayant accès à des solutions de soutien à la parentalité, ainsi que la flexibilité des horaires de travail (53,9 %) et les places en crèche (40,6 %). Des solutions de garde complémentaires ne sont présentes que dans 7,8 % des entreprises.

Il ressort donc qu'"il y un écart perceptible entre les services offerts par les entreprises et les souhaits des parents". Pourtant les RH voient bien les places en crèches comme le service ayant le plus d’impact positif dans la vie d’un parent actif (66 %), loin devant le télétravail (38 %). Les raisons de cette dichotomie entre les services effectivement mis en place et leur bénéfice ressenti même par les acteurs de l’entreprise ne sont néanmoins pas éclaircies.

Des inégalités dans l’accès aux services parentalité

Dernier apport saillant du baromètre : l’existence de services parentalité est très inégalement répartie. Par exemple dans le secteur de l’environnement, tri recyclage, ces services sont proposés dans 100 % des entreprises, contre 78 % pour les banques, assurances, services financiers.

D'importantes disparités se dessinent aussi en fonction de la taille de l'entreprise. Dans celles de 1000 salariés et plus, 32 % des parents ont accès à des places en crèche, tandis que ce chiffre tombe à 4 % pour celles de moins de 20 salariés. Une différence qui s'explique principalement par l'absence d'un service RH dédié à ces questions dans les petites structures. En effet, 89 % des parents bénéficiant de services parentalité ont également un service RH dans leur entreprise. Ce sont même 95 % des parents ayant accès à des places en crèche.

 

© Lefebvre Dalloz