Nouveau rapport statistique sur la victimation, la délinquance et l’insécurité

Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) a publié son nouveau rapport annuel de statistiques intitulé « Vécu et ressenti en matière de sécurité : victimation, délinquance et sentiment d’insécurité » (VRS) pour l’année 2022, suivant le modèle des anciennes enquêtes de victimation « Cadre de vie et sécurité » (CVS).

Ce rapport est le résultat d’une enquête directement effectuée auprès de plus de 200 000 individus afin de refléter l’insécurité vécue et ressentie. Il se subdivise en quatre thématiques que sont les atteintes aux personnes, les atteintes aux biens, les fiches thématiques et le sentiment d’insécurité et préoccupation sécuritaire. Les trois premières parties rassemblent plusieurs infractions comme les violences physiques, sexuelles, les discriminations, les actes de vandalisme, les vols de vélo ou encore les violences conjugales, tandis que la dernière partie correspond aux opinions sur l’insécurité. Ces subdivisions sont illustrées de manière très détaillée par des statistiques. Le rapport est ainsi fait qu’il différencie plusieurs catégories de situations et de personnes comme les hommes et les femmes, les personnes vivant dans un quartier prioritaire de la ville, l’âge ou encore le taux de personne ayant porté plainte pour une infraction particulière. Cela donne effectivement une idée précise de ce que les personnes dans des situations différentes vivent et ressentent. Pour autant, de manière globale, le rapport VRS nous indique que les infractions les plus subies en 2021 sont les actes de vandalisme contre les voitures, les débits frauduleux et les injures, tandis que les infractions les moins recensées sont les vols et tentatives de vols de deux roues à moteur et, de manière surprenante, les agressions sexuelles physiques. Par ailleurs, la tranche d’âge ayant subi le plus d’atteintes individuelles est celle des dix-huit à vingt-quatre ans. C’est également cette tranche d’âge qui déclare être la plus inquiète à l’idée d’être victime d’une atteinte individuelle. 

Les atteintes physiques

Parmi les victimes d’atteintes physiques, le rapport révèle que certaines catégories de personnes ont été beaucoup plus exposées à des violences, notamment sexuelles, que d’autres. C’est le cas des personnes bisexuelles ou homosexuelles et des étudiants. Du côté des auteurs d’infractions, l’enquête démontre que le plus souvent, la victime et l’auteur ne se connaissent pas, cependant, lorsqu’ils se connaissent, ils sont très fréquemment partenaires ou ex-partenaires. S’agissant du contexte, il est intéressant de constater que la rue reste le principal lieu de l’infraction, suivi de près du domicile de la victime, sûrement en raison du lien unissant la victime à son auteur. En matière de discriminations, la majorité des cas ont lieu lors de la recherche d’emploi ou au travail et le motif principal de la discrimination est l’origine de la victime, bien avant le sexe ou le handicap. Enfin, la plupart des victimes de toutes violences confondues qui ne portent pas plainte pensent que cela ne servirait à rien ou répètent que « vous pensiez que ce n’était pas assez grave », désignant sûrement la personne devant laquelle ils ont tenté de porter plainte.

Les atteintes aux biens

Concernant les atteintes aux biens, il ressort du rapport que les victimes de vol avec effraction le sont majoritairement dans l’unité urbaine de Paris et que les principaux objets volés sont les bijoux, alors qu’il s’agit des vélos dans les vols sans effraction.

De plus, le rapport relève que le nombre de vols avec actes de violence a doublé en l’espace d’un an, et qu’il s’agit majoritairement de personnes ne connaissant pas la victime, d’infractions se déroulant dans la rue et dont l’objet le plus convoité est le téléphone portable. Si, concernant ces infractions, les victimes ont bien plus tendance à porter plainte que celles des violences, les raisons invoquées pour celles qui ne le font pas sont pourtant exactement les mêmes.

Les fiches thématiques du rapport

Au sein de cette édition du rapport VRS, l’accent a été mis sur certaines situations particulières que sont les violences conjugales, les infractions liées aux outils numériques et les faits commis dans les transports collectifs. En guise d’illustration, ce qui en ressort le plus est que les victimes de violences conjugales sont majoritairement des femmes, que les infractions liées aux outils numériques concernent principalement le harcèlement moral et les injures, et relèvent surtout des réseaux sociaux pour la tranche d’âge des dix-huit à vingt-quatre ans. Enfin, les faits commis dans les transports collectifs sont en premier lieu les vols sans puis avec violence, suivis des agressions sexuelles physiques puis non physiques.

Sentiment d’insécurité et préoccupation sécuritaire

Le rapport conclut par cette partie concernant non pas la réalité vécue de la délinquance, mais bien le ressenti. Elle comprend la satisfaction de la population sur l’action des forces de sécurité intérieure, qui est de 56 % des avis exprimés. De plus, selon le rapport, les problèmes perçus comme les plus préoccupants dans la société sont le terrorisme et la pauvreté, suivis de l’environnement, de la santé puis de la délinquance. Enfin, le rapport révèle qu’une personne sur deux renonce à sortir de chez elle pour des raisons de sécurité, et que les femmes y renoncent trois à quatre fois plus souvent que les hommes.

En définitive, la nouvelle forme du rapport VRS (anc. CVS), très complète, offre un panorama détaillé des statistiques concernant un très grand nombre d’infractions selon plusieurs contextes et types de personnes. Il ne manquera pas d’inspirer les politiques pénales à venir, mais également d’informer les personnels de justice grâce à ses aspect sociologiques et criminologiques. 

 

© Lefebvre Dalloz