Salaires : des augmentations plus modérées en 2024
Selon une étude du cabinet Deloitte, les entreprises ont octroyé des augmentations comprises entre 4 % et 4,6 % en médiane, en 2023. Les enveloppes seront revues légèrement à la baisse, en 2024, en raison du contexte économique. Soit des budgets plus classiques que ceux observés ces deux dernières années.
 
                            La plupart des DRH ont tenté de se mobiliser pour contrer l'inflation galopante et l’envolée des prix du carburant et de l'énergie : les budgets d’augmentation salariale sont à la hausse, en 2023, pour atteindre 4,6 % en médiane pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maitrise (+2,1 points) et 4 % (+1,5%) pour les cadres. Soit des budgets "inédits" représentant "une forte hausse par rapport à l’année 2022 qui marquait la reprise après des gels salariaux constatés en 2021".
Tels sont quelques-uns des résultats de l’enquête annuelle sur les salaires, réalisée par le cabinet Deloitte et publiée hier. Cette douzième édition s’appuie sur un panel de 300 entreprises (un million de données individuelles) des principaux secteurs d’activité.
La prime de partage de la valeur a fait recette
Dans le détail, les entreprises ont opté pour des augmentations mixtes, à la fois générales et individuelles. 66 % des OETAM en ont ainsi touchées (contre 61 % en 2022) et 54% des cols blancs (contre 34 % en 2022). Mais elles ont aussi privilégié d’autres leviers. Elles ont ainsi accordé une rémunération variable. Les bénéficiaires ? 77 % des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise et 85 % des cadres. En 2022, 62 % des OETEM avaient reçu ce coup de pouce et 83 % des cadres.
Selon les niveaux de responsabilité et les métiers, cette part variable représente une moyenne comprise entre un à trois mois de salaire de base.
De même, la prime de partage de la valeur a fait recette : plus de la moitié des salariés y ont eu droit cette année, alors qu’ils n’étaient que 29 % l’an passé. Surtout, les montants ont été revalorisés. Lesquels sont passés de 300 euros en 2022 à 600 euros pour les OETAM et 816 euros pour les cadres.
Plus d'adeptes pour l'épargne salariale mais des montants en baisse
L’épargne salariale a également fait plus d’adeptes ; ce sont désormais 90 % des OETAM et 88% des cadres qui touchent une rémunération différée cette année, contre respectivement 73 % et 82 %, en 2022. En revanche, les montants sont en baisse et peinent à retrouver leurs niveaux pré-Covid-19.
Au global, selon Deloitte, les rémunérations globales ont progressé de 7 % pour les OETAM alors qu’elles n’avaient augmenté que de 3,7 % en 2022. Les cadres ont dû se contenter d’une évolution plus modérée, de 3 %, dans la même ligne que l’an passé.
"Ce contexte inflationniste et les tensions de recrutement ont poussé les entreprises à privilégier l’ensemble des dispositifs en leur possession afin de revoir la rémunération de leurs salariés à la hausse en 2022, dans une optique de dynamique de pouvoir d’achat et de (re) conquête et fidélisation des talents", poursuit le cabinet Deloitte dans son étude.
Des augmentations plus modérées en 2024
Reste que cette embellie pourrait se gripper, en 2024, en raison des nombreuses incertitudes qui pèsent sur le contexte économique. Les entreprises devraient davantage jouer la prudence. Ainsi Deloitte prévoit des enveloppes d’augmentation légèrement à la baisse, de 4 % pour les OETAM et de 3,5 % pour les cadres. "Il faut en effet s’attendre probablement à un retour des budgets plus classiques que ceux observés ces deux dernières années", prévient Franck Chéron, associé capital humain au sein du cabinet Deloitte.
De quoi susciter la grogne des salariés. D'ailleurs, la question des augmentations de salaire devrait être remise sur la table à l’automne. L’intersyndicale en a fait son principal combat, après avoir affiché un front commun au sujet de la réforme des retraites. Ce sera d’ailleurs la première revendication lors de la prochaine journée de mobilisation, prévue le 13 octobre.
Le sujet pourrait également figurer au menu de la conférence sociale, annoncée hier, par Emmanuel Macron.
| Égalité hommes/femmes : l’écart salarial se réduit | 
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 Du mieux pour les inégalités salariales : après trois années sans progression notable, la tendance s’améliore en 2023, selon le cabinet Deloitte. L’écart salarial moyen entre les femmes et les hommes est de 2,6 %, contre 3,7 % en 2022. Bien que le taux de féminisation se dégrade au fur et à mesure de l’ascension hiérarchique, "il semble que la part des femmes sur les niveaux les plus élevés progresse en 2023, avec 27 % de femmes parmi les cadres supérieurs (contre 25 % en 2022). | 
© Lefebvre Dalloz