Structuration des politiques publiques en faveur des jeunes

En 2024, les 15-25 ans représentent neuf millions de personnes (13,2 % de la population) et à en croire l’Insee, leur part va baisser et devenir, d’ici une dizaine d’années, inférieure à celle des plus de 75 ans. « Si rien n’est fait, les départements ruraux seront sévèrement frappés », précise le rapport.

Les jeunes sont particulièrement exposés aux inégalités, qu’elles soient éducatives, économiques ou territoriales. Certains d’entre eux sont confrontés à des obstacles structurels qui limitent leurs opportunités (chômage élevé, précarité, discriminations). Pourtant, le Premier président de la Cour des comptes se montre clair : « Les jeunes ne sont pas des oubliés depuis 40 ans, ils ont été érigés en priorité nationale et désormais européenne ».

L’approche structurelle fait défaut

Il n’y a pas d’organisation qui chapeaute les politiques en faveur de la jeunesse. Il manque une approche structurelle, coordonnée, pour Pierre Moscovici. Plus de 53 Md€ de dépenses de l’État pour les 15-25 ans, soit 12 % du budget et 2 % du PIB, mais il n’existe pas de consolidation des crédits alloués aux jeunes par l’ensemble des acteurs publics. De multiples aides, financières ou indirectes, tels que les tarifs réduits, sont ouvertes aux jeunes. Leur profusion pose un problème de lisibilité et d’information qui se traduit par une méconnaissance des droits et un non-recours très élevé. Les dépenses de l’État correspondent aux trois quarts à des dépenses d’éducation (lycée et supérieur). Sur ce plan, le niveau de dépenses de la France est comparable à la moyenne des pays de l’OCDE. Le deuxième poste de dépense correspond à la mission travail et emploi, qui porte notamment le contrat d’engagement jeunes (782 M€ versés) et les aides et exonérations aux employeurs pour l’apprentissage, dont la dynamique est très forte (3,5 Md€). Le troisième poste est celui de la cohésion des territoires et intègre en particulier les aides personnalisées, il est suivi par la protection judiciaire de la jeunesse.

Le non-recours de nombreux jeunes à leurs droits, par méconnaissance ou par excès de complexité, est aussi un problème. Selon le rapport, les procédures administratives doivent être simplifiées et d’informer les jeunes de leurs droits.

Accès à l’autonomie réussi

Les jeunes achèvent leurs études en moyenne à 21 ans et demi. Plus de la moitié d’entre eux est diplômée du supérieur, ce qui positionne la France au-dessus de la moyenne et des objectifs européens (respectivement 42 % et 45 %). L’entrée dans la vie active est progressive et massivement réussie à 25 ans. Mais par-delà les moyennes, les trajectoires des jeunes présentent des inégalités persistantes. Selon les enquêtes du Centre d’études et de recherches sur les qualifications, si sept jeunes sur dix sont durablement insérés dans l’emploi trois ans après leur sortie d’études, 16 % en sont durablement éloignés. Ces inégalités sont fortement liées au niveau de diplôme, lui-même encore dépendant de la catégorie socio-professionnelle des parents. Elles reflètent également le lieu de résidence, les jeunes sans diplôme issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville étant plus massivement au chômage que ceux des zones rurales. Au final, près d’un jeune de 18 à 25 ans sur dix est en situation de pauvreté.

L’éducation, la vie active et la citoyenneté

Selon la Cour, il est nécessaire de repenser l’organisation et le contenu des parcours de formation initiale pour mieux préparer l’autonomie sociale et économique des jeunes. L’accent doit être mis sur les qualités comportementales des élèves. Les parcours de formation doivent permettre d’offrir des voies diversifiées pour répondre aux besoins et talents de chacun et de mieux accompagner les jeunes en difficulté avec des dispositifs individualisés. Ceci vaut pour la lutte contre l’échec à l’université. Enfin, il est nécessaire de doter la Nation d’un plan stratégique en faveur des jeunes et prévoir dans l’ensemble des politiques publiques un axe spécifique qui la déclinerait.

Décrochage universitaire : la faillite de Parcoursup

La Cour des comptes rappelle que la « politique de l’orientation » a pour objectif de fournir aux élèves et à leurs familles une information éclairée pour améliorer leur insertion professionnelle. Près de 800 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire avec des trajectoires mal ajustées aux besoins du marché du travail et à leurs propres aspirations. Cela se traduit par des chiffres accablants. 83 % des élèves sont angoissés au moment de formuler leurs vœux sur Parcoursup, et en 2022, 16,7 % des jeunes âgés de 20 à 24 ans n’étaient ni en études, ni en formation, ni en emploi. La Cour recommande de rendre plus accessibles et lisibles tous les dispositifs d’accompagnement sur Parcoursup.

Constatant cette faillite, le Medef a publié le 17 mars un guide pour rapprocher aspirations des jeunes et besoins des entreprises. Avec ses 14 propositions, il encourage l’élaboration d’une stratégie nationale d’orientation contextualisée par territoire. Il estime que chaque année, au collège et au lycée, 3 à 5 jours par an doivent être consacrés à des périodes d’immersion en entreprise.

 

Rapport public annuel 2025, vol. 1

Rapport public annuel 2025, vol. 2

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